Les motivations comme déterminants de la coopération

Markoczy (2001) identifie sept catégories de motivation susceptibles d’expliquer les comportements vis à vis de la coopération : l’altruisme, l’élitisme, le désir de se fondre dans la masse, la justice, l’envie, la peur, la comparaison sociale
des gains.

  • L’altruisme peut se définir comme étant "la recherche d’un individu de maximiser le gain ou le bien être de son partenaire dans une relation de coopération (…) Elle représente un acte purement désintéressé". (1) L’altruisme émerge "non seulement dans des situations variées de la vie courante" (1) mais aussi "dans des situations très simples où la rationalité économique au sens stricte du terme (maximisation des gains) devrait l’emporter sans difficulté". (1)

Les individus se montrent généralement plus altruistes "lorsque leurs dons sont utilisés à des fins explicites".(1)

"L’altruisme est généralement positivement corrélé avec la confiance envers les autres" (1). Enfin l’altruisme n’est pas conditionné par l’espérance d’un comportement coopératif des autres.

  • L’élitisme peut se définir comme étant "le désir d’un individu (…) de vouloir "faire la différence" (1).

"Ces individus sont ceux qui veulent pouvoir se dire un jour que, sans leur apport, rien ne se serait réalisé.
On doit ici faire une distinction entre efficacité et élitisme : en effet, un individu efficace se dira toujours "je veux participer parce que je peux faire la différence".

A l’instar de l’altruisme, cette motivation n’est pas conditionnée par l’espérance d’un comportement coopératif des autres" (1).

  • Une part de la motivation à coopérer réside dans le désir de se fondre dans la masse, pour faire comme les autres, pour s’identifier au groupe ou pour apporter sa contribution, même s’il s’agit d’une goutte d’eau.
  • La justice peut "s’envisager comme une recherche continue d’atteindre l’équité à la fois en ce qui concerne les efforts consentis par chacun et les résultats obtenus" (1).

Il s’agit d’une motivation conditionnelle : "l’individu sera prêt à coopérer avec un autre si et seulement si il s’attend à ce que ce dernier coopère à son tour". (1)

  • L’envie ou la poursuite des intérêts personnels. "Les individus dont l’envie représente la motivation principale sont convaincus que les autres poursuivent aussi leur propre intérêt personnel. Pour ces individus, la coopération ne peut-être envisagée que dans le cas où les bénéfices attendus seront plus importants que les efforts consentis". (1)

En fonction du contexte, "ce type de motivation peut conduire à des comportements non coopératifs de type "passager clandestin"" (1). (Un passager clandestin est un acteur dont l’intérêt est que les autres acteurs" du groupe auquel il appartient fassent collectivement une opération à laquelle il ne participe pas à titre individuel mais dont il profite pleinement).

  • La peur. "L’engagement dans une relation coopérative comporte aussi des risques dans la mesure où des asymétries d’information existent toujours entre les acteurs : en effet, le partenaire peut ne pas respecter le contrat en essayant de faire "cavalier seul" par exemple. Les individus peuvent craindre que leurs efforts soient vains dans la mesure où les autres parties n’en consentiront pas suffisamment pour que le projet puisse être réalisé". (1)
  • La comparaison sociale des gains

Certains individus peuvent être motivés non pas pour maximiser leur gain mais pour maximiser la différence entre leur gain et celui des autres. "Supposons qu’un individu ait le choix entre deux situations :
(i) gagner 10 € tandis que son partenaire gagnera 5 € et
(ii) gagner 15 € tandis que son partenaire gagnera 14 €. S’il est motivé par la comparaison des gains, il préferera toujours (i) à (ii)." (1)

(1) Les fondements de la coopération, Costin Zahara, Ensan/Grid/ESTP 2003

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